Depuis la création de son agence, Pascal Gontier se présente comme un fervent défenseur de la construction bois. Convaincu que les enjeux de notre société constituent un moteur d’innovation, il s’attache dans ses projets à développer de nouvelles perspectives. Retour avec lui sur le bâtiment Max Weber à l’Université de Nanterre.

Un cadre de travail unique… un environnement chaleureux dans lequel les gens aient envie de travailler…
le bois permet tout ça.

Pascal GONTIER, Atelier Pascal Gontier

 

Photo : Abbadie Archi : Atelier P Gontier

Quelle était la demande de la maitrise d’ouvrage ?

Le concours d’architecture n’imposait pas l’utilisation du bois. La demande portait sur la conception d’un bâtiment prestigieux qui soit capable de donner une image de la recherche à l’université avec une ambition environnementale sans donner les pistes pour y répondre. Sur les 5 équipes, j’étais le seul à présenter un projet en bois. C’était un risque puisque c’est généralement le meilleur moyen de perdre un concours ! A l’époque du concours, en 2012, il fallait être très rassurant pour proposer une architecture en bois, ce qui voulait dire très rationnel avec une architecture plutôt sobre. Aujourd’hui dans les concours, la maitrise d’ouvrage achète une image et ce n’est qu’après que l’on règle la question technique. Avec le bois, ça ne marche pas comme ça : si les problèmes techniques n’ont pas été réglés en amont, on ne peut pas revenir dessus. Pour ce concours il y avait un risque du fait qu’aucun projet bois n’avait été réalisé dans ces dimensions ! J’ai en plus rajouté trois points dans la notice du concours : pas de noyau en béton, mise en place d’une ventilation naturelle et pas de faux plafonds pour voir les plafonds en bois. Ces 3 conditions donnent le caractère du bâtiment, et c’est, je pense, ce qui m’a permis de gagner. Le bâtiment est presque identique à ce qui avait été présenté au concours, il n’a pas été raboté ou rogné en phase d’étude.

 

Archi : Pascal Gontier - Photo : SchneppRenou

Archi : Pascal Gontier – Photo : SchneppRenou

La mise en œuvre d’un noyau en béton est-elle obligatoire ?

Absolument pas. La seule contrainte concerne les bâtiments de logement où il faut que les marches d’escalier soient incombustibles d’où l’emploi du béton. Dans le cas du bâtiment Max Weber, il y avait des prescriptions par rapport au bois, par rapport à la réglementation incendie. Mais il n’y a pas de contraintes particulières qui imposent un noyau en béton. L’avantage du tout bois ce sont les délais de chantier, il n’y a pas des interfaces bois/béton à gérer et on a un aspect bois dans les escaliers et les cages d’ascenseur, ça donne un caractère au bâtiment.

 

Archi : Pascal Gontier – Photo : SchneppRenou

De l’extérieur, on n’imagine pas qu’il s’agit d’un bâtiment en bois. Quelle en est la raison ?

En effet, on ne voit pas au premier regard que c’est un bâtiment en bois de l’extérieur. On le devine avec les pilotis de l’entrée, et le soir les sous-faces de plancher en bois se distinguent à travers les ouvertures. La sobriété de la façade est née de la volonté d’intégrer le bâtiment dans son environnement plutôt que de concevoir un bâtiment qui soit trop démonstrateur depuis l’extérieur. L’université de Paris Nanterre est un vaste campus composé de bâtiments en béton et en métal construits à partir des années 1960, d’où une écriture architecturale à la volumétrie simple en harmonie avec les bâtiments existants.


Quelles sont les forces de cette réalisation ?

C’est un marqueur sur l’architecture bois, parce que c’est un bâtiment qui est très innovant : un bâtiment tertiaire qui cumule les innovations (flexibilité des surfaces avec les plateaux libres permis par la structure poteau-poutre, réversibilité pensée en amont avec la possibilité d’une autre affection sur le long terme…). C’est pourquoi nous avons eu le prix des Green Building Awards et le Trophée IDF . Je l’ai conçu pour qu’il trace des directions pour les bâtiments futurs. Je travaille aujourd’hui sur les thèmes abordés pour ce bâtiment mais dans d’autres contextes de bâtiment. C’est l’ambition architecturale, l’ambition de donner aux chercheurs un cadre de travail qui ne soit pas banalisé, c’est un espace très singulier. Mon ambition était de recréer un cadre pour le travail qui soit unique, un environnement intérieur spectaculaire et surtout un environnement chaleureux dans lequel les gens aient envie de travailler, qu’ils puissent se l’approprier, qui soit lumineux, et le bois permet tout ça. Mon but était de réinventer le bureau traditionnel, ça fait partie du bien être au travail.

 

Archi : Pascal Gontier - Photo : Abbadie

Archi : Pascal Gontier – Photo : Abbadie

Qu’est ce que le bois apporte aux bâtiments tertiaires ?

Au niveau technique, il permet de faire assez facilement des structures de grande portée, donc la possibilité de faire des espaces très ouverts. Le bâtiment Max Weber est très modulable, il est composé de 3 grands plateaux évolutifs. Si demain, l’université décide de faire des plateaux ouverts, ils peuvent le faire.

Il apporte une ambiance chaleureuse pour un cadre de travail. Au niveau des performances énergétiques, les parois sont extrêmement bien isolées et le bois y contribue. Il est plus facile d’avoir des très bonnes isolations et d’étanchéité avec du bois qu’avec d’autres matériaux surtout lorsque l’on veut atteindre les performances du passif. Le bois est également intéressant si l’on va chercher des performances environnementales. Dans le tertiaire, il peut très bien s’associer à d’autres matériaux, en collaborant avec le béton ou bois/béton/métal. Ce sont des pistes d’investigation très intéressantes.

 

 

 

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