Environ 2 tiers des impacts environnementaux d’un bâtiment sont relatifs aux produits de construction. Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, la France a fixé au secteur du bâtiment un objectif de réduction de l’impact carbone de 49% d’ici 20301 et de décarbonation complète pour 2050. La Réglementation Environnementale 2020 traduit dans les faits cette ambition en imposant le calcul du stockage carbone et des niveaux d’exigence qui évolueront par palier en 2025, 2028 et 2031.

Avec des impacts environnementaux nettement plus faibles que les autres solutions de gros œuvre structurel, le bois lamellé et le bois lamellé croisé (CLT) représentent, comme l’ensemble des solutions bois, des atouts majeurs pour atteindre ces exigences. Dans quelles solutions structurales les mettre en œuvre ? Pour quels apports de stockage carbone ? Quels sont les seuils à respecter selon le type de construction ? Le portail du bois lamellé fait le point avec Clément Quineau, Responsable des Affaires Techniques de l’UICB (Union des Industriels et Constructeurs Bois).

POUVEZ-VOUS NOUS RAPPELER COMMENT EST CALCULÉ L’EFFORT DE PERFORMANCE ENVIRONNEMENTALE DANS LA RE2020 ?

Dans la RE2020, l’effort de performance environnementale des bâtiments est axé sur la réduction de l’impact sur le changement climatique. Cet impact est calculé grâce à l’Analyse de Cycle de Vie, et rapporté au m² de surface de plancher. La réglementation définit l’indicateur ICbâtiment comme la somme de quatre indicateurs :

CET EFFORT ENVIRONNEMENTAL INTRODUIT PAR LA RE2020 S’APPLIQUE-T-IL À TOUTES LES TYPOLOGIES DE BÂTIMENTS ?

Il concerne pour l’instant 4 typologies de bâtiments : les maisons individuelles, les logements collectifs, les bureaux et les établissements d’enseignement. En vigueur depuis 2022, la RE2020 porte à ce jour uniquement sur la construction de bâtiments neufs de plus de 50 m2 ou d’extensions supérieures à 150 m2. Elle s’applique partout en France à l’exception des territoires ultramarins. La réglementation est en cours d’évolution pour prendre en compte les spécificités des extensions et constructions provisoires, avec une entrée en vigueur évoquée en 2023. Pour les bâtiments tertiaires spécifiques (hôtels, restaurants, commerces, gymnases, établissements de santé, bâtiments industriels, etc.), les débats se poursuivent, avec une application de la RE2020 prévue au plus tôt en 2023.

CONCRÈTEMENT, QUELS SONT LES SEUILS D’EXIGENCE DE L’INDICE ICCONSTRUCTION SELON LES TYPES DE BÂTIMENTS ET COMMENT CES SEUILS VONT-ILS ÉVOLUER DANS LE TEMPS ?

Voici les niveaux de l’ICconstruction fixés par la RE2020 en fonction des typologies de bâtiments et leur évolution dans le temps :

LE BOIS LAMELLÉ ET LE CLT CONSTITUENT DES SOLUTIONS STRUCTURALES QUI PARTICIPENT À ATTEINDRE CES SEUILS. SOUS QUELLES FORMES LES METTRE EN ŒUVRE ?

Au-delà de son utilisation largement répandue en charpente, le bois lamellé, ainsi que le CLT, forment des systèmes constructifs bas carbone qui peuvent être mis en œuvre dans de nombreuses configurations de constructions. On distingue 3 grands systèmes structurels :

Le système poteaux-poutres en bois lamellé.

Économe en matière, il offre une grande souplesse de conception et autorise de longues portées, ménageant des façades très ouvertes et des volumes libres spacieux. Ce système permet aussi de franchir la contrainte de hauteur et de réaliser des bâtiments multiétages au-delà de R+5.

La structure en bois massif CLT.

Permettant également d’édifier des bâtiments de plusieurs étages, les planchers et murs porteurs en panneaux CLT offrent plusieurs avantages : rapidité de réalisation, plage importante de capacités de reprises d’efforts et, pour les planchers, la possibilité d’épaisseurs réduites.

La structure mixte poteaux-poutres et CLT.

L’association de ces deux systèmes constructifs permet de tirer parti des qualités respectives de chacun, avec plusieurs possibilités : poteaux-poutres en bois lamellé et planchers et/ou refends en CLT, poteaux-poutres et noyaux CLT assurant le contreventement, ou encore poteaux-poutres et voiles de refends en CLT.

Les structures mixtes.

Le bois lamellé et le CLT s’intègrent également très bien en mixité constructive, que ce soit avec d’autres solutions bois ou avec d’autres matériaux, biosourcés ou non. Pour découvrir des exemples documentés de réalisations construites selon ces principes, vous pouvez consulter les 2 tomes du livre Mixité : “Mixité Solutions constructives Bois Béton Métal” et “Mixité Solutions constructives Bois Biosourcés”.

DANS QUELLE MESURE CES TROIS TECHNIQUES PERMETTENT-ELLES DE RÉDUIRE LE BILAN ENVIRONNEMENTAL ET CONTRIBUENT-ELLES À ATTEINDRE LES SEUILS DE LA RE2020 ? QUELS CHOIX CONSTRUCTIFS COMPLÉMENTAIRES CONSEILLEZ-VOUS POUR LES ACCOMPAGNER ?

Comme les autres produits bois, le bois lamellé et le CLT séquestrent le carbone et leur utilisation à la place d’un produit alternatif ayant une empreinte carbone moins favorable (béton, acier, brique, aluminium, etc.) représente une économie d’émission de 1,52 tonnes de CO2 par m3 de bois utilisé. Selon la typologie de bâtiment et les choix constructifs qui accompagnent leur mise en œuvre (par exemple une isolation biosourcée, des revêtements extérieurs ou de sol en bois, des menuiseries bois), les systèmes constructifs en bois lamellé et CLT2 permettent de réduire l’ICconstruction d’au moins 10 à 20%.

L’utilisation de produits biosourcés disposant de FDES en accompagnement des solutions bois lamellé et CLT, couplée avec une écoconception globale du bâtiment permettent d’atteindre dès à présent les seuils les plus exigeants de la RE2020.

EN SAVOIR PLUS SUR LES ATOUTS DU BOIS DANS LE CADRE DE LA RE2020 :
CONSULTER LE DOCUMENT DU CODIFAB
« CONSTRUCTION DURABLE ET RE2020 : 7 RAISONS DE CHOISIR LE BOIS »

Photo en haut de page : Technocentre Renault Odyssée à Guyancourt (78). Maîtres d’ouvrage : Nexity Immobilier d’Entreprise & Renault SAS. Maître d’œuvre : Artbuild Architectes. BET structure : Ingebois Structures. Surface : 12 500 m2. Livraison 2021. Crédit photo : Tristan Deschamps.

Illustrations des structures bois © Raphaël Walther / Anatomies d’Architecture.

1  Par rapport à 2015