Françoise RAYNAUD – loci anima

Le 13e arrondissement de Paris est décidément très proactif et multiplie les ouvrages où le bois joue un rôle central. Retour sur la réhabilitation du Cinéma des Fauvettes qui a ouvert la voie à un nouveau concept de cinéma, avec son architecte : Françoise Raynaud (agence loci anima).

 

 

 

 

Le bois a des vertus incroyables !
On arrive à régler toutes les problématiques du bâtiment :
de zones sismiques, de poids, de feu…

Françoise RAYNAUD, Architecte, loci anima

Derrière la façade pixellisée, le cinéma des Fauvettes -situé dans le quartier parisien des gobelins- se déploie autour d’un jardin formant un puits de lumière. La structure en bois laissée volontairement apparente est recouverte d’une verrière qui laisse pénétrer un maximum de lumière. Retour sur ce nouveau concept de cinéma avec l’architecte Françoise Raynaud de l’agence LOCI ANIMA, en charge du projet.

Loci Anima

Quelles sont les caractéristiques de cet ouvrage ?

Il s’agit d’un nouveau concept de cinéma dédié à la projection de films remasterisés. J’ai donc réfléchi à une nouvelle façon d’aborder le cinéma. Le lieu est en cœur d’ilot et le PLU imposait de laisser un petit espace libre. J’ai alors proposé de faire un espace ouvert sur un jardin. L’idée était de créer une continuité avec le jardin, que ce soit le plus naturel possible, d’où l’utilisation massive du bois. Nous avons donc fait un jardin qui est bordé par les lieux de déambulation et une immense verrière vient recouvrir tous ces espaces. Les espaces sont baignés de lumière, à l’opposé de ce que l’on a l’habitude de voir dans les cinémas, dont l’objectif est d’équiper les salles d’un maximum de sièges et de réduire les espaces de déambulation.

 

Loci Anima

Quel type de bois a été sélectionné ?

Il s’agit de bois reconstitué et de bois lamellé en Douglas. Il possède une bonne résistance et apportait la réponse attendue sur le plan esthétique. Nous avons utilisé un système volontairement simpliste car je ne voulais pas d’attaches métalliques apparentes, je voulais vraiment que ce soit des assemblages bois/bois. Nous avons donc habillé les accroches avec des cabochons de bois pour donner l’effet de pannes de bois et de poteaux bois très expressifs, très simples et très minimalistes. Les horizontales et les verticales ne s’emboitent jamais, elles sont toujours juxtaposées. L’idée était de faire une construction très primitive, je ne souhaitais pas rajouter d’autres matériaux, je souhaitais quelque chose de très sobre, pas du tout sophistiqué, et c’est justement ça qui est complexe.

 

Quelles sont les forces de ce matériau ?

J’utilise le bois depuis longtemps, bien avant que ce soit à la mode. Il a des vertus incroyables ! On arrive vraiment à régler toutes les problématiques du bâtiment : de zones sismiques, de poids, de feu… La construction sèche permet une mise en œuvre très rapide, la verrière a été montée en seulement 15 jours ! En outre, sa légèreté permet de réaliser des économies sur les fondations. Sur le plan technique et environnemental, il n’y a pas photo comparé à l’aluminium ou au béton qui n’ont pas un bon bilan carbone. Le bois réagit très bien dans les zones sismiques et, contrairement à ce que l’on pense, il réagit très bien au feu. Il peut donc être utilisé sans capotage et rester visible, ce qui n’est pas le cas de la construction acier qui requiert un capotage si l’on veut obtenir du coupe feu. C’est un matériau adapté à tout type de bâtiment : bureaux, logements, écoles…

Quelles ont été les difficultés rencontrées sur ce projet ?

Tout a été difficile, mais il s’agit d’une problématique parisienne : construire intra muros est très difficile. Nous avons dû reprendre en sous-œuvre tous les immeubles du dessus qui sont des bâtiments haussmanniens. Nous avons creusé pour réaliser des salles en sous-sol. Ce n’est pas le bois qui a été difficile, c’est l’exigüité du lieu, et je pense que le bois nous a aidé en logistique, en moyen de levage, parce que c’est plus léger, ce qui nous a permis d’alléger nos fondations.

 

Plus sur ce sujet :

  • VIDÉO : visite du Cinéma des Fauvettes
  • ARTICLE sur la réhabilitation du Cinéma des Fauvettes (publié en 2016)