Dans le 13e arrondissement de Paris, le nouvel immeuble tertiaire Opalia va, début septembre, être occupé par la Direction du Patrimoine et de l’Architecture de la Ville de Paris (DPA). Un symbole fort qui exprime la volonté politique de la ville pour ce type de projet, comme nous l’explique Jacques Baudrier, Conseiller Délégué “architecture et  Grands projets de renouvellement urbain” auprès de Jean-Louis MISSIKA.

Photos : Mairie de Paris – DPA – C. Dorval et D. Verrecchia

 

Implanter la DPA
dans cet immeuble
est un très beau symbole

Jacques BAUDRIER, Conseiller Délégué auprès de la Mairie de Paris

 

© Mairie de Paris – DPA – C. Dorval

Qu’est ce qui a séduit la ville de Paris dans ce projet ?

La ville de Paris cherchait à regrouper des directions de la Ville et souhaitait moderniser et rationaliser son parc d’immeubles tertiaires pour simplifier leur gestion et améliorer les conditions de travail des agents. Opalia est un projet promoteur et a été acheté en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement). Il s’inscrit dans la politique de la Ville favorisant la détention en pleine propriété pour réduire le poids budgétaire du locatif.

 

© Mairie de Paris – DPA – C. Dorval

                                                               En quoi Opalia se distingue à votre sens ?

C’est le plus haut immeuble tertiaire en bois de la capitale. Il présente une structure mixte bois/métal/béton où le bois représente 80% des matériaux utilisés. Il répond à tous les critères environnementaux (HQE et BBC) et constitue un gage de l’amélioration qualitative du parc immobilier de la Ville. Implanter la DPA dans cet immeuble est un très beau symbole, car elle gère les 5 millions de m2 de bâtiment de la Ville de Paris, elle les entretient et elle en construit (100 projets de construction d’équipements publics sur la mandature 2014-2020) en privilégiant systématiquement le biosourcé, le réemploi, et bien sûr le bois. L’ensemble des 80 architectes qui y œuvre est à la pointe de la transition énergétique. Le déménagement des équipes de la DPA à Bédier, dans un immeuble démonstrateur qui sera présenté dans le cadre de « Paris fait Paris » a tout son sens et la Ville affirme ainsi sa place de leader dans la mise en œuvre d’une ville dense plus adaptée aux défis de la transition écologique ; le bâtiment de Bédier Est est aujourd’hui le plus haut bâtiment tertiaire en bois (CLT et bois lamellé) et sa conception s’est basée sur une démarche écoresponsable que la Ville de Paris soutient à ce titre.

 

© Mairie de Paris – DPA – D. Verrecchia

Quel est, selon vous, l’avantage du bois lamellé dans la construction de bâtiments tertiaires ?

Tout ce qui est en bois est plus écologique. C’est un matériau qui a moins consommé pour être construit. Il permet également de réduire la durée des chantiers avec un gain de temps de 30% par rapport à une construction en béton. Pour Opalia, six mois seulement ont été nécessaires pour monter le clos et le couvert (structure, façade, plancher et charpente). Les chantiers sont plus propres et sans nuisance grâce à la préfabrication. Avec le bois lamellé, on construit durable sans surcoûts et surtout le bois stocke le CO2 puisque 1 m3 de bois peut stocker 1m³ de CO2. Enfin, il apporte une ambiance plus chaleureuse et un réel confort pour l’usager.

 

© Mairie de Paris – DPA – D. Verrecchia

Pensez-vous que le bois lamellé utilisé dans le tertiaire a un avenir dans la ville ?

Bien sûr ! Le matériau bois a un réel avenir dans la ville, quel que soit le type de bâtiment ! La réglementation va évoluer dans ce sens et la Ville de Paris milite pour construire des bâtiments qui consomment moins. Il faut agir pour que ce soit quelque chose qui s’impose à tous, que l’on construise de plus en plus en bois, en paille, en terre, avec moins de ciment. C’est un enjeu politique majeur pour réduire les émissions de CO2 dans la ville : il faut qu’il y ait moins de consommation de pétrole pour les voitures et il faut qu’il y ait moins de consommation pour la construction et l’exploitation d’un bâtiment. Il faut donc prioritairement utiliser des matériaux moins énergivores et le bois présente un excellent bilan carbone. La Ville de Paris est d’ailleurs intervenue en suggérant des amendements dans le cadre de la loi LCAP pour pouvoir s’affranchir des normes afin d’innover, de moins consommer. Il s’agit vraiment d’une démarche volontariste. A terme, il pourrait être intéressant d’instaurer un bonus/ malus dans la construction en fonction du bilan carbone pour encourager la construction en bois. Il faut maintenant qu’il y ait des outils qui encouragent. Car pour l’instant le bois est à peu près aussi rentable que d’autres matériaux, et pour qu’il le soit plus, il faut qu’il soit favorisé fiscalement. Il faut faire beaucoup plus d’immeubles tertiaires en bois comme Opalia. C’est comme la voiture électrique ou hybride, il ne faut pas que ce soit une exception, il faut que ça devienne la règle.

Plus sur ce sujet :

  • VIDÉO sur l’immeuble Opalia avec témoignages d’Art&Build et QUARTUS
  • ARTICLE sur la réalisation d’Opalia (publié en avril 2017)
  • INTERVIEW de Steven Ware (Art&Build) par Décideurs