Plusieurs siècles d’innovation

Structure en bois lamellé

apparition du principe

Histoire-charpente-Philibert-Delorme_small-100_ans-img1L’histoire du bois lamellé est constituée d’évolutions, de progrès et d’hommes de génie. Le premier d’entre eux fut Philibert Delorme, architecte qui, dès le 16ème siècle, eu l’idée de faire avec du bois ce que, jusque là, on ne faisait qu’avec de la pierre : des arcs, autorisant de grandes portées. Familier de la charpente marine, il invente une nouvelle forme de charpente, révolutionnaire pour l’époque. En arches, composées de courtes sections de bois, solidarisées entre elles par des clavettes afin de réaliser des fermes cintrées. Le procédé de la lamellation était né.

évolution de la technique

Histoire-Manege-de-Libourne-par-le-Colonel-Emy_small-100_ans-img2A la fin du 18ème siècle, les militaires reprennent cette technique pour la construction de leurs manèges et casernes. Ils modifient cependant légèrement la technique pour obtenir des toits plans et supprimer les soucis de couverture. Plusieurs charpentiers, architectes ou ingénieurs font également évoluer la technique comme, par exemple, le charpentier Hans Grubenmann, qui, en Suisse, réalisait des ponts grâce à des arcs composés de madriers assemblés. Mais c’est Carl Friedrich von Wiebeking qui, en 1809, eu l’idée d’une liaison par collage. Le colonel Emy perfectionne ce principe en constituant des arcs de plus grande portée. Son idée : l’empilement de planches disposées horizontalement cintrées et serrées avec des colliers en métal.

invention du bois lamellé

Histoire-Premiere-entreprise-de-bois-lamelle-aux-USA-en-1934_medium-100_ans-img3A l’aube du 20ème siècle, le bois lamellé, tel qu’on le définit aujourd’hui, est inventé par l’Allemand Otto Hetzer. Ce charpentier inventif a l’idée de remplacer les pièces métalliques du colonel Emy par des collages à la caséine, permettant d’assembler les lamelles entre elles. Ce qui supprime toute déformation. Entre 1906 et 1907, le brevet de ce nouveau matériau est déposé en Allemagne, en France et en Suisse ; et il prouve d’un tel génie que son application en charpente est évidente et son développement immédiat.

une révolution du métier

Histoire-amphitheatres-de-l-universite-de-Reims-en-1967_medium-100_ans-img4Lorsque le bois lamellé apparaît, il signe le début d’une véritable révolution technique. Les pratiques traditionnelles de la charpenterie vont être radicalement transformées avec ce nouveau matériau. Car, surpassant les capacités naturelles du bois, il apporte de nouvelles dimensions à la structure : la créativité et la haute technicité. De nombreux bâtiments, affichant des franchissements de grande portée en réfèrent: la salle des sports de l’INSEP construite en 1962 (139 mètres de portée), le stade de Poitiers (130 mètres de portée), le Pavillon Utopie réalisé à Lisbonne en 1998 (150 mètres de portée – photo ci-dessous),  ou encore, ci contre, l’amphithéâtre de la faculté des sciences économiques de Reims (architectes : Dubard, Gaillarbois et Clauzier)

L1_medium-100_ans-img5D’un métier traditionnel mettant en œuvre un matériau traditionnel, nous sommes passés en l’espace d’un siècle à un métier d’expertise et d’ingénierie, mettant en œuvre un matériau de haute technologie.

Traces dans l’histoire et dans le monde

Ce matériau aux propriétés extraordinaires, cumule solidité (des tests de résistance sont réalisés dès 1910), longueur de portée (dès 1910 un hall d’exposition à Bruxelles réclame des portées de 43 mètres) et originalité des formes. D’utilisation simple et efficace, le bois lamellé allait inspirer l’architecture et offrir plus de liberté au monde de la construction.

Le bois lamellé s’est ainsi développé bien au-delà de ses terres d’origines (Allemagne, Suisse, France) et de nombreuses réalisations témoignent de ses prouesses partout dans le monde. Ci-contre, la gare de Malmö au sud de la Suède, réalisée en 1910. Le bois lamellé a largement trouvé sa place dans les gares (en lieu et place du métal) car il était bien plus résistant à la corrosion.

Les exemples sont légion au Japon : temples (Todai-ji ou Kamei-ji), mais aussi maisons exceptionnelles (Villa Kura, Villa O), immeubles (GC Osaka), usines, complexes sportifs… sont érigés avec des structures de bois lamellé. Au Canada des réalisations telles le Valley Hospital d’Ontario ou le West Vancouver Aquatic Center doivent leur originalité et leur forme au bois lamellé. Aux Etats-Unis, le bois lamellé est le matériau des ouvrages d’exception à l’image du Cathedral Center of Christ the Light en Californie (ci-contre), un ouvrage impressionnant où le métal, le bois lamellé et le verre cohabitent avec superbe.