Un renouveau architectural et environnemental

À l’extérieur des remparts, en lisière de la rocade, la bibliothèque Renaud-Barrault a été imaginée au début des années 80 par ses architectes de l’époque, Béatrice Douine et Jacques Prunis, comme un bâtiment-signal, marquant la volonté de la ville de porter la culture « hors les murs ». S’appuyant sur un soubassement en béton cannelé surmonté de verrières et de bardages laqués (photo en fin d’article), le bâtiment nécessitait à la fois une rénovation énergétique et une reconfiguration de ses espaces, inadaptés face à l’émergence de la culture numérique. La Canopée, métaphore autour de laquelle s’articule sa rénovation, remplit pleinement ces objectifs. Entre intérieur et extérieur, le bois et ses déclinaisons matérielles (bois lamellé, CLT, LVL1, panneaux 3 plis) dessinent « un arbre de la connaissance » dont les étagères de livres habillant les escaliers forment le tronc et la vaste ombrière solaire surmontant la structure d’origine, la canopée. Une métamorphose qui valorise les qualités du bâti existant, tout en donnant une nouvelle présence architecturale à la bibliothèque au sein de son environnement.

Une reconfiguration intérieure et une nouvelle silhouette urbaine

À l’ère du numérique, les bibliothèques évoluent et deviennent des lieux hybrides où l’on doit pouvoir assister à une conférence, tester un jeu, regarder un film tout autant que lire un livre. Le large éventail de ces nouveaux usages nécessite d’en repenser les espaces. Dans le cas de la bibliothèque Renaud Barrault, cet exercice a été réalisé en décloisonnant les salles de lecture et en créant de nouvelles transparences au sein du bâtiment, qui facilitent l’appropriation du lieu dans son ensemble. Sous la verrière rénovée et les puits de lumière apportés par la canopée, le bois, décliné dans un ensemble de casiers menuisés en contreplaqué de bouleau, balise les parcours et dessine les nouveaux espaces (dont un auditorium de 96 places), tout en offrant une modularité d’aménagement selon les besoins.

Symbole de son importance dans la vie locale, la bibliothèque, qui ne désemplit pas depuis sa réouverture fin 2024, déploie grâce à la canopée une silhouette plus affirmée au sein de l’espace public. La nouvelle amplitude de ses volumes prolonge le bâtiment d’un parvis ombragé et paysagé, au sein d’une esplanade réaménagée pour donner la priorité aux mobilités douces.

La canopée est la métaphore autour de laquelle s’articule la rénovation de la bibliothèque. L’arbre est un symbole puissant, celui d’un lieu rassurant et ombragé sous lequel on peut s’évader, passer un moment de calme avec un livre ou partager des connaissances. Dans la bibliothèque, les escaliers habillés de livres sont les troncs, tandis que le nouveau toit est une canopée qui fournit, littéralement, ombre et chaleur.

JAKOB+MACFARLANE

Le nouveau toit-canopée, fait de bois et de panneaux solaires, se distingue par sa taille, sa légèreté et son contraste par rapport au volume d’origine en béton, créant un signal fort dans le paysage urbain.

JAKOB+MACFARLANE
Rénovation en structure bois avec bois lamellé collé, CLT et LVL

La canopée, ombrière de 800 m2 conjuguant LVL, bois lamellé collé et CLT

Surtoiture protectrice semblant flotter au-dessus de la bibliothèque, la canopée est formée d’une grille de poutres ancrée par des platines coulées dans le béton du dernier niveau. La disposition des appuis a été étudiée pour limiter les descentes de charges verticales et horizontales sur le bâtiment, tout en tenant compte du risque parasismique. Répondant à une géométrie complexe, avec une sous-face non linéaire et des porte-à-faux allant jusqu’à près de 8 mètres à certains endroits, la canopée est constituée d’une structure associant poutres porteuses en bois lamellé collé et caissons en LVL. Rigide et d’un excellent rapport poids/résistance, le LVL a permis de rationaliser la matière et d’obtenir une structure d’une grande légèreté. Celle-ci supporte une dalle en CLT, entrecoupée d’une série de puits de lumière intégrant des cellules photovoltaïques. Jouant face au soleil un rôle à la fois protecteur et producteur, l’ombrière vient également, par la chaleur du bois, mettre en valeur le caractère du bâtiment d’origine, purgé des éléments non structurels afin de magnifier le volume de béton existant et souligner sa réutilisation au sein de la rénovation.

LA BIBLIOTHÈQUE AVANT RÉNOVATION ET LES DOCUMENTS GRAPHIQUES DU PROJET (cliquer sur les images pour agrandir et accéder aux documents complets)

L’apport des bois lamellés au sein du projet

Complémentarité structurale

L’association des différents types de bois lamellés (bois lamellé collé, LVL et CLT) permet de répondre efficacement aux contraintes de descente de charges, de légèreté, de porte-à-faux… Tout en rationalisant l’usage de la matière bois.

Apport environnemental

Le bois lamellé collé, le CLT et le LVL stockent le carbone et contribuent à satisfaire un grand nombre de cibles nécessaires à la démarche HQE ou à l’atteinte des seuils les plus exigeants des certifications environnementales.

Apport architectural

En rénovation, la souplesse de mise en œuvre et la modularité des structures bois permettent d’envisager la transformation architecturale des bâtiments avec une grande liberté. Authentique et naturel, le bois contribue également à réchauffer l’ambiance des structures d’origine en béton.

En savoir plus

1LVL : Laminated Veneer Lumber ou Lamibois