Une superbe rénovation qui montre l'intérêt du bois dans la préservation des structures historiques

Inscrit au répertoire supplémentaire des Monuments Historiques, le campus de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (qui fête ses 250 ans d’existence) a entamé une mue en vue de doter ses équipements d’enseignement et de recherche des dernières avancées technologiques. Pierre angulaire de ce nouveau chapitre de la vie du campus, la rénovation du bâtiment Brion, remarquable exemple d’architecture Art-Déco datant de 1928, a permis de créer un ensemble de salles d’enseignement, d’amphithéâtres et de locaux administratifs à la pointe de la modernité, tout en préservant les éléments patrimoniaux d’origine. Cette rénovation magistrale, dont la structure (hormis le noyau central) est entièrement biosourcée, a été rendue possible grâce à la conjugaison de différents systèmes constructifs en bois associant poteaux poutres en bois lamellé, planchers en CLT1, enveloppe en murs à ossature bois et isolation en fibre de bois.

Un dialogue entre patrimoine et modernité

Respectueux du passé du bâtiment Brion, le projet AGORA conserve une partie de ses façades et notamment les monumentales portes en fer forgé, caractéristiques du style Art-Déco. Les 10 000 briques des parties démantelées sont réemployées, instaurant avec celles des nouveaux volumes un dialogue fidèle au cachet d’origine. La totalité des fondations en pierre de moellon est également préservée. Afin d’éviter que la superstructure ne soit économiquement pénalisée par leurs dimensions et géométries hétérogènes, la structure bois s’est basée sur une trame de 1,20 m permettant, par la densité des porteurs, une répartition homogène des charges appliquées sur les fondations. Préfabriquée en quasi-totalité pour minimiser les impacts sur l’activité du campus, la structure bois est laissée apparente, créant une harmonie avec la brique et un univers sensoriel chaleureux pour les utilisateurs des lieux.

Un bâtiment central dans la vie du campus

AGORA occupe une place centrale au sein des 10 hectares du campus de l’école. À la fois par son emplacement, au dénouement d’un axe paysager direct depuis la nouvelle entrée du site, et par son programme, qui réunit lieux d’expression et de convivialité à travers de nombreux espaces informels favorisant les interactions entre utilisateurs du bâtiment. AGORA accueille sur trois niveaux : 6 salles d’enseignements modulables au moyen de murs mobiles suspendus, 2 amphithéâtres avec gradins en bois de 250 places chacun, des espaces de travail collaboratif, un amphithéâtre de 80 places pour la formation continue des professionnels, une salle polyvalente d’exercice sur mannequins, l’intégralité des services administratifs de l’école, ainsi qu’un espace logistique et de stockage en sous-sol.

AGORA allie avec conviction et rigueur les sphères du patrimoine et de la modernité en tirant parti des atouts structurels du bois pour s’émanciper des nombreuses contraintes réglementaires et constructives du site, sans perdre de vue les ambitions qualitatives et esthétiques attendues par l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort

Steven Ware & Kévin Guidoux (Artbuild)
© Tristan Deschamps & Artbuild

Une superposition habile et raisonnée du programme et des fondations existantes a permis de ne pas être tributaire du « déjà-là » et d’assumer une écriture singulière aux lignes contemporaines, tout en répondant favorablement aux enjeux fonctionnels. Les systèmes constructifs en bois ont largement contribué à la réussite de cet exercice, grâce à une densité 5 fois inférieur au béton armé et à un grand éventail de solutions techniques : bois lamellés de grande portée, bois massifs, panneaux CLT.

Steven Ware & Kévin Guidoux (Artbuild)

Une structure bois polymorphe, esthétique et innovante

Autour d’un noyau de circulation en béton, AGORA conjugue différents matériaux bois : portiques en bois lamellé et planchers CLT1 pour la structure, murs à ossature bois pour l’enveloppe et fibre de bois pour l’isolation. Le bois lamellé permet de répondre aux exigences de volume des amphithéâtres et du hall d’accueil de 10 mètres de hauteur, dont les poutres moisées d’une grande finesse forment un décor intérieur en harmonie avec les façades Art-Déco. Au-delà des planchers, le CLT1 fait l’objet d’une utilisation inédite puisqu’il constitue les gradins des amphithéâtres, où son association avec l’isolation en fibre de bois offre une acoustique de qualité. Enfin, les murs à ossature bois sont eux aussi vecteurs d’innovation puisqu’ils accueillent un parement de briques pleines. Rendu possible par la validation (circonscrite au projet) d’une Atex de cas B, le système de fixation spécifique développé par les équipes de maîtrise d’œuvre et les entreprises prend en compte les contraintes de résistance au feu et d’étanchéité à l’eau et ouvre de nouveaux champs de possibles à la palette de finitions des murs à ossature bois.

Un bâtiment vertueux

La conservation des ressources existantes (y compris de tous les arbres entourant le bâtiment), leur réemploi autant que possible et l’utilisation massive de matériaux biosourcés ou issus de filières de recyclage (comme c’est le cas des moquettes composées de filets de pêche et de fibres recyclés) permettent de réduire drastiquement l’empreinte carbone du projet. Cette démarche vertueuse s’accompagne également d’une réflexion pour en repousser l’obsolescence en anticipant les futurs usages et en misant sur la flexibilité et l’évolution des espaces, deux points sur lesquels la structure en bois lamellé offrira une grande liberté d’évolutions potentielles.

Imaginé par l’ENVA comme un édifice unitaire et unificateur qui rassemble les étudiants, personnels administratifs et enseignants, le projet AGORA s’est révélé être une opportunité de transmettre des valeurs environnementales actuelles, telles que la réduction de l’empreinte carbone, le réemploi et l’utilisation de matériaux biosourcés.

Steven Ware & Kévin Guidoux (Artbuild)

L’obtention d’une ATEX concernant la pose d’un double mur en maçonnerie brique sur mur ossature bois offre de nouvelles perspectives de systèmes constructifs, au moment où nous assistons au retour de la minéralité en façade et au plébiscite croissant du matériau bois en structure.

Steven Ware & Kévin Guidoux (Artbuild)

L’apport des bois lamellés au sein du projet

Adaptabilité

Léger et facilement modulable, le bois lamellé permet d’adapter le calepinage de la structure à la configuration des fondations existantes.

Portées libres

Le bois lamellé assume de longues portées libres et autorise de grands volumes, ouverts et évolutifs.

Caractère architectural

À la fois structurel et d’une grande polyvalence décorative, le bois lamellé permet de sculpter librement les espaces et se marie harmonieusement à de nombreux styles architecturaux.

LE CHANTIER EN IMAGES :

LA STRUCTURE BOIS EN 3D :

En savoir plus

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CLT : Cross Laminated Timber ou bois lamellé croisé.