A Paris dans le XVe arrondissement, la réhabilitation des Bains-Douches a donné naissance au plus grand immeuble de logements en bois de la capitale, qui culmine à R+8. Mis en œuvre dans le cadre de l’appel à projet « Réinventer Paris », le bois lamellé vient ici défendre à la fois un ouvrage inédit et une réelle ambition écologique.

Article : Victor Miget / Architectes : RED-architectes / Photos : RED-architectes ; Perspectives : RED-images

Avant…

… Après

Être innovant : le maître mot de l’appel à projet « Réinventer Paris », lancé en novembre 2014, par la Ville de Paris. Dans ce contexte, l’agence RED-Architectes a réfléchi à un projet sortant de l’ordinaire pour la réhabilitation des Bains-Douches, dans le XVe arrondissement. Il s’agissait alors de déconstruire la partie arrière de cette bâtisse Art Déco des années 1930, pour libérer la parcelle et y intégrer un immeuble d’appartements en collocation (56 chambres réparties en 17 appartements), adossé aux pignons mitoyens. La partie conservée du bâtiment d’origine renferme, quant à elle, un espace de coworking.

L’idée initiale, avec la construction bois, visait à favoriser un meilleur bilan carbone de l’opération« Une économie de moitié par rapport à une construction béton », assure Albin Rousseau, ingénieur-architecte chez RED Architectes. Un choix écologique, donc, qui, grâce aux performances structurelles offertes par le matériau bois lamellé, répond aussi à d’autres besoins du projet :

  • l’orientation du bâtiment au sud et une ouverture optimale (grâce à la structure poteau-poutre) afin d’exploiter au mieux les apports solaires dans une logique bioclimatique ;
  • une façade végétalisée (cohérente avec le choix de matériaux biosourcés) ;
  • une enveloppe permettant d’atteindre les critères de performance du Plan Climat de la ville de Paris.

Ce nouvel immeuble de logements peut être appréhendé comme un ouvrage mixte, où bois lamellé et CLT jouent chacun leur partition. De fait, « l’intégralité des étages a été montée en bois, cage d’ascenseur comprise. La structure, elle, est une structure poteaux-poutres rayonnante en bois lamellé. Les poteaux, de tailles variables, s’épaississent en pied (24×40 cm) pour assurer la descente de charges, tandis qu’ils s’affinent en partie haute (24×24 cm)», explique Albin Rousseau. Le contreventement est assuré par des voiles CLT rigides formant les deux pignons. Les deux façades côté rue sont également en CLT, tout comme les planchers (maximum 12×3 m) qui franchissent des trames de 3 m, correspondant à celles des chambres. « Le matériau bois est aussi la signature architecturale du projet », ajoute Albin Rousseau. A l’intérieur, planchers, poteaux et poutres sont laissés apparents au maximum, afin d’accentuer l’atmosphère chaleureuse des lieux.

La possibilité de préfabriquer qu’offre la construction bois a également pesé dans la balance. « Nous sommes sur une parcelle contrainte, qui se caractérise par un manque de place pour le stockage et par un voisinage important. Soit toutes les complexités classiques d’un chantier urbain. La préfabrication, en plus d’être une filière sèche, nous a donc bien aidés. Sur le planning global de l’opération, le montage de la charpente – livrée par semi-remorque – n’a pris que huit semaines, à raison d’un étage par semaine », développe l’architecte. Plutôt rapide pour ce qui est, à ce jour, le plus haut bâtiment de logements en bois de la capitale.

Fiche d’identité

  • Ouvrage Bains Douches / 57 chambres en colocation et coworking
  • Localisation 34 rue Castagnary – Paris 15° (75)
  • Livraison  2019
  • Surface 1 700 m2
  • Maître d’ouvrage Groupe Axitis
  • Architectes RED-architectes
  • BE structure RED ingénieurs conseil
  • Montant des travaux NC

A retenir

Les atouts du bois lamellé

La structure en bois lamellé, laissée apparente, octroie aux lieux une ambiance vivante, accueillante, apaisante, mais aussi moderne

La légèreté du bois lamellé combinée à ses performances mécaniques permettent d’importants franchissements

Préfabrication, chantier sec et levage simplifié ont permis d’apporter des réponses indispensables au chantier en zone urbaine dense et de faire gagner un temps précieux avec seulement 8 semaines de montage